dimanche 26 avril 2015

"Vivre vite" de Philippe Besson

"Vivre vite" de Philippe Besson

éditions Julliard



Résumé:

Ce roman raconte la vie du célèbre James Dean. L'auteur imagine ce que les personnes ayant fait parti de la vie de l'acteur auraient pu dire sur celui-ci. Au fil des témoignages fictifs mais appuyés sur des faits réels, on découvre qui était Jimmy, son enfance, les rencontres qui ont bouleversé sa vie, sa carrière et surtout son urgence de vivre.


Mon avis:

J'ai eu plaisir à faire connaissance avec cet acteur que je connaissais finalement très peu. L'écriture est claire et limpide mais le ton vif presque incisif permet de se plonger dans ce roman passionnant que l'on referme avec l'envie de regarder "la fureur de vivre".


Morceaux choisis:

Mildred Dean, sa mère
"Je sais, les choses sont allées très vite. Est-ce parce qu'on devine que le temps nous sera compté, que les belles années ne dureront pas, qu'on nous fera pas le cadeau de la vieillesse? Ou tout simplement parce qu'il faut se saisir de l'instant, sans réfléchir vraiment, comme on mord dans un fruit, parce qu'il nous fait envie, parce qu'il est appétissant, parce qu'on a soif?" (p. 14)

Mildred Dean, sa mère
"Pour la première fois, j'ai eu peur de mourir. Je n'avais pas peur pour moi-même; enfin pas vraiment. Non, j'avais surtout peur d'abandonner mon fils. Je n'avais pas envie d'être séparée de lui. Et je songeais: comment va-t-il s'en sortir sans moi? Son père l'aime mais ce n'est pas suffisant. Il faut autre chose pour élever un enfant. Une énergie, une disponibilité, une attention. Des gestes, des étreintes, des regards froncés. Des sourires, des mots tendres, des réprimandes. J'ai pris la mesure de ce qui allait lui manquer et j'ai paniqué." (p. 31)

Elizabeth McPherson, professeur au lycée de Fairmount
"J'ai souvent repensé à ces jours et je me suis longtemps demandé si ceux qui vont mourir ont la prémonition que leur existence sera brève. Et si, du coup, cela la conduit à vivre plus intensément. Je n'ai pas trouvé la réponse." (p. 104)


L'auteur:

Philippe Besson est né en Charente le 29 janvier 1967. Il est écrivain, dramaturge et scénariste français, il a également été critique littéraire et animateur de télévision.
Son livre consacré à James Dean paraît en janvier 2015, année anniversaire des 60 ans de la mort de l'acteur le 30 septembre 1955.

vendredi 10 avril 2015

"Lignes brisées" d'Harold Cobert

"Lignes brisées" d'Harold Cobert

éditions Héloïse d'Ormesson


Il y a des mois que je n'ai pas écrit ici, des mois où pourtant j'ai lu, mais la faute au manque de temps, aux projets, au quotidien, aux changements de vie, je n'ai pas publié. 
J'aurai voulu joliment écrire que malgré ce monde insensé dans lequel nous vivons, les belles choses sont là, bien présentes, bien ancrées dans notre réalité et que l'art adoucit l'absurdité dans laquelle nous élevons nos enfants pour leur donner le goût de vivre.

Alors aujourd'hui, je reprends le fil de ce blog avec un livre d'Harold Cobert. Et pour lui répondre, je l'ai découvert grâce aux tweets de Tatiana De Rosnay et c'est tant mieux car ce serait dommage de passer à côté de ses romans!


Résumé:

Gabriel et Salomé ont vécu un amour de jeunesse aussi bref que passionné il y a 20 ans. Gabriel est maintenant un auteur à succès et Salomé est parlementaire européenne. Ils se donnent rendez-vous à Bruxelles. Mais que reste-t'il de leur amour et arriveront-ils à percer les silences et les non-dits de toutes ces années?
Le roman est ponctué de "pages cornées" du roman que Gabriel a écrit sur son histoire d'amour avec Salomé, on y découvre leur passé tandis que leur avenir se joue dans leurs retrouvailles.


Mon avis:

Au-delà du choix d'un thème que j'affectionne particulièrement, l'amour, la structure originale de ce roman est envoutante. Le lecteur a envie de comprendre ce qu'il s'est passé entre les deux protagonistes, et ce que le moment présent leur réserve.
Je peux dire que je suis tombée amoureuse de l'écriture d'Harold Cobert! Ce style sincère, sans mot de trop, qui transperce autant qu'il perturbe. Ce ton parfois cinglant mais toujours juste parce qu'il me touche en plein coeur. Je ne peux que vous conseiller de le lire.


"Pages cornées":

Parce que celles que je préfère sont celles qui évoquent l'amour, la passion et aussi le manque!

"Depuis, il n'est pas un jour où je ne pense à toi. Je pense à toi quand je me lève, dans la journée, quand je me couche. Parfois, sans raison apparente, je me demande ce que tu fais, comment tu es habillée, avec qui tu es. Et si tu penses à moi, toi aussi.
Depuis des années, je t'aime à travers d'autres femmes. Au début, je crois toujours que je suis guéri de toi. Cela  ne dure que quelques mois, quelques semaines ou quelques heures. Et puis je te reconnais en elles. Une attitude, un regard, une manière de marcher, de se tenir, une grâce dans le port de tête.
Je t'aime tel Orphée cherchant Eurydice dans les dédales des Enfers. Lorsque je te retrouve enfin en elles, sans pouvoir te toucher toi, tout s'arrête, elles me deviennent étrangères, insupportables. Si tu savais avec combien de ces femmes j'ai rompu en un claquement de doigts, sur un coin de trottoir ou sur un palier, parce que je réalise que ce n'est pas toi qui es là, parce que chacune ne fait que creuser l'effroyable sentiment de vide que ton absence a laissé dans mon existence." (p. 23)


L'auteur:

Harold Cobert est né à Bordeaux en 1974. Il est l'auteur notamment d'"Un hiver avec Baudelaire", de "Jim" et d'"Au nom du père, du fils et du rock'n'roll" (trois romans dont je vous parlerai plus tard).
J'ai eu la chance de rencontrer cet auteur au salon du livre 2015 de Paris! Il est comme son écriture aussi incisif que tendre, il s'intéresse à tout, il s'intéresse à vous. Il est rock'n'roll et sensible. Il a cette force et cette fragilité qui font que j'aime autant la personne que l'univers dans lequel il me transporte à chacun de ses romans.


 
 

mardi 4 novembre 2014

"Charlotte" de David Foenkinos

"Charlotte"

de David Foenkinos

éditions Gallimard


Résumé:
Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, une jeune artiste allemande réfugiée en France. L'enfance de Charlotte est marquée par le terrible suicide de sa mère,ce qui fait d'elle une jeune fille renfermée et sensible. Elle est très douée pour la peinture mais ses origines excluent toute reconnaissance dans ce milieu. Elle se réfugie donc en France, coupée de sa famille et de son premier amour. Elle entreprend alors la création de l'oeuvre de sa vie.


Mon avis:
On connaissait la plume un peu loufoque de David Foenkinos, on découvre une autre facette de cet auteur qui nous livre dans ce roman toute son obsession et son admiration pour Charlotte d'une manière aussi originale que poétique. Un petit bijou que l'on referme avec la furieuse envie d'aller découvrir les peintures de Charlotte. Bien plus qu'une biographie, ce livre est une ode à la création, à l'art et à la vie.


Morceaux choisis:
"Nous sommes maintenant en 1930.
Charlotte est devenue une adolescente.
Les gens aiment à dire qu'elle est dans son monde.
Etre dans son monde, cela engendre quoi?
La rêverie, et la poésie sûrement.
Mais aussi un étrange mélange de dégoût et de béatitude.
Charlotte peut sourire et souffrir en même temps." (p. 38) 

"Fallait-il aller au bout du supportable?
Pour enfin considérer l'art comme seule possibilité de vie.
Ce que Moridis a dit, elle le ressentait.
Dans sa chair, mais sans en avoir la conscience.
Comme si le corps était toujours en avance sur l'esprit.
Une révélation est la compréhension de ce que l'on sait déjà.
C'est le chemin qu'emprunte chaque artiste.
Ce tunnel imprécis d'heures ou d'années.
Qui mène au moment où l'on peut enfin dire: c'est maintenant." 
(p. 173)


L'auteur:
David Foenkinos est un romancier français, né le 28 octobre 1974 à Paris. Connu et reconnu dans le monde littéraire, il a obtenu de nombreux prix et son roman "la délicatesse" a été adapté au cinéma avec Audrey Tautou notamment.


lundi 3 novembre 2014

"Entre mes mains le bonheur se faufile" d'Agnès Martin-Lugand

"Entre mes mains le bonheur se faufile"

 d'Agnès Martin-Lugand
éditions Michel Lafon







Résumé:
Iris a une passion pour la couture, elle rêvait d'en faire son métier lorsqu'elle était jeune mais ses parents ne l'entendaient de cette oreille. Aujourd'hui, enfermée dans une vie qui ne lui convient plus, elle se demande qui elle est vraiment et si elle n'a pas laissé passer sa chance. Elle se décide à faire ce qu'elle a toujours voulu faire. A Paris, elle rencontre Marthe qui devient son mentor dans le milieu de la mode, et Gabriel. 


Mon avis:
J'avais adoré le premier roman d'Agnès Martin-Lugand pour sa simplicité et l'authenticité des personnages, ce deuxième roman est différent. Il nous entraîne dans les interrogations d'une jeune femme qui prend sa vie en mains et qui décide de penser à elle, la quête d'identité est un thème qui fonctionne bien dans ce livre, mais les personnages secondaires, notamment Marthe, sont très ambiguë voir diaboliques, et c'est ce qui m'a un peu dérangé. J'avais tellement apprécié la transparence des émotions des personnages dans "Les gens heureux lisent et boivent du café" que le côté machiavélique de "Entre mes mains le bonheur se faufile" m'a dérouté. Cependant, on se laisse prendre au jeu et on lit ce livre d'une traite grâce à la subtile et sublime plume de l'auteur.    


Morceaux choisis:

"J'ouvris la porte, lui jetai un dernier regard et pénétrai dans la cour. Une fois seule, je m'écroulai le dos contre la porte. Je venais de laisser une partie de moi sur le trottoir. Le bois trembla. Un coup venait d'être porté. Mon Dieu, faites qu'il s'en aille, pensais-je, sinon je ne tiendrai pas. Après ce qui me sembla une éternité, la moto démarra." (p. 224)





L'auteur:
Agnès Martin-Lugand était psychologue clinicienne avant de se consacrer pleinement à l'écriture depuis le succès de son premier roman "Les gens heureux lisent et boivent du café". Elle signe ici son deuxième roman.

lundi 22 septembre 2014

"Café Lowendal et autres nouvelles" de Tatiana De Rosnay

"Café Lowendal et autres nouvelles"

de Tatiana De Rosnay

éditions Le Livre de Poche


Résumé:
Le Livre de Poche a eu la bonne idée d'éditer dans un recueil les nouvelles que Tatiana De Rosnay avait écrit dans des magazines comme "Elle" ou "Marie-Claire". Ces nouvelles nous parlent d'adultère, de passion, de faux semblants, de destin sur un ton tour à tour mordant, mystérieux ou sensuel.



Mon avis:
Je ne cache plus mon admiration pour cet auteur qui a su encore une fois me transporter. Ces nouvelles peignent le monde d'aujourd'hui soit de manière sombre en nous montrant que la folie, l'hypocrisie et la perversion existent, ou bien avec un voile d'espoir qui nous laisse imaginer des lendemains heureux. Le genre de la nouvelle est respecté avec des fins étonnantes ou ouvertes qui ne peuvent pas laisser les lecteurs indifférents. Tatiana De Rosnay maitrise ce genre en y ajoutant beaucoup de sensibilité et d'émotions.


Morceaux choisis:
En choisissant un extrait en particulier, j'avais peur de gâcher l'effet de surprise d'une nouvelle, donc voici la première page de la première nouvelle du recueil "Café Lowendal":
"Cela fait cinq ans. Je peux à présent en parler. En parler sans frissonner. Je peux même écrire son nom: Victoria. Victoria. Victoria. Ecrire son nom sans avoir mal au ventre. Sans avoir envie de ma cacher. Envie de la tuer. Envie de pleurer. Envie de mourir. C'est long, cinq ans. Long sur le papier. Cinq agendas. Cinq étés. Cinq hivers. Un quinquennat. Mais dans la vie, dans la vraie vie, celle qui coule, fluide, celle qu'on ne voit pas passer, cinq ans, c'est court. C'est comme hier. Je me souviens de tout. Je me souviens de chaque instant. De chaque détail. Je me souviendrai ma vie entière de Victoria." (p.13) 


L'auteur:
Tatiana De Rosnay est une romancière franco-anglaise née en 1961.
Pour en savoir plus: http://lecumedenosjours.blogspot.fr/2014/05/son-carnet-rouge-de-tatiana-de-rosnay.html

lundi 15 septembre 2014

"La vérité sur l'Affaire Harry Quebert" de Joël Dicker

"La vérité sur l'Affaire Harry Quebert" 

de Joël Dicker

éditions De Fallois Poche


Résumé:
Marcus Goldman est un jeune écrivain qui a connu un immense succès avec son premier roman, mais il peine à écrire le second, il est en manque d'inspiration. C'est alors que son ancien professeur et désormais ami Harry Quebert est accusé d'un meurtre survenu 33 ans plus tôt, lorsque l'on découvre dans son jardin les ossements d'une jeune fille disparue avec laquelle il aurait eu une liaison. Persuadé de l'innocence de son ami, Marcus se lance à corps perdu dans une enquête pleine de fausses pistes et de rebondissements.


Mon avis:
Il est difficile de s'arrêter dans la lecture de ce thriller déroutant qui malmène son lecteur! On ne sait plus où est la vérité ni qui croire, les apparences sont plus que trompeuses et c'est avec beaucoup de virtuosité que Joël Dicker tient perpétuellement son lecteur en haleine. Un bon gros roman sur les apparences, la société, la justice, les médias mais aussi sur comment écrire un roman, l'inspiration, l'amitié et la loyauté.


Morceaux choisis:
"Cela se produisit le jeudi 12 juin 2008. J'avais passé la matinée chez moi, à lire dans le salon. Dehors, il faisait chaud mais il pleuvait: il y avait trois jours que New York était arrosé par une bruine tiédasse. Aux environs de treize heures, je reçus un coup de téléphone. Je répondis, mais il me sembla d'abord qu'il n'y avait personne au bout du fil. Puis, je distinguai un sanglot étouffé.
- Allô? Allô? Qui est là? demandai-je.
- Elle… elle est morte.
Sa voix était à peine audible, mais je le reconnus immédiatement.
- Harry? Harry, c'est vous?
- Elle est morte, Marcus.
- Morte? Qui est morte?
- Nola.
- Quoi? Comment ça?
- Elle est morte, et tout est ma faute. Marcus… qu'ai-je fait? Bon sang, qu'ai-je fait?
Il pleurait." (p. 51)


L'auteur:
Joël Dicker est un écrivain suisse, né à Genève le 16 juin 1985.
"La vérité sur l'affaire Harry Quebert" paru en 2012 est son deuxième roman, il a obtenu le prix Goncourt des lycéens 2012 et le grand prix du roman de l'Académie française.


"Dans la remise" d'Inès Benaroya

"Dans la remise" d'Inès Benaroya

éditions Flammarion

Résumé:
Anna vit avec son mari Bertrand. Elle se croyait heureuse jusqu'au jour où elle découvre un enfant qui dort dans la remise au fond du jardin. Anna, qui jusque là avait été très clair sur son désir de ne pas avoir d'enfant, se pose alors beaucoup de questions, elle n'ose pas aller à la rencontre de cet enfant de peur de briser le charme. Et puis, elle perd sa mère avec laquelle elle n'a jamais eu véritablement de lien. Et tout semble basculer.


Mon avis:
Un premier roman intéressant qui parle du désir des femmes d'avoir des enfants et du lien mère-fille. A la lumière des évènements de la vie de son personnage, l'auteur revient sur le passé d'Anna, sur le manque d'amour de sa mère, sur son deuil, sur son désir tardif d'avoir un enfant qui révèle la force de l'insconscient.
Un roman étrange et intriguant, très bien écrit, qui ne laisse pas indifférent.


Morceaux choisis:
"Elle se penche par la mince ouverture entre les volets. L'intérieur est plongé dans un demi-jour qui contraste avec la lumière du dehors. Il fait frais là-dedans, ce n'est pas désagréable si ce n'est l'odeur de moisi qui picote le nez. De l'obscurité se détache un bric-à-brac confus, les ombres grises des vélos posés contre le mur, un lampadaire oblique, des cartons pêle-mêle. Sur le vieux canapé au fond de la pièce, une couverture a été dépliée et recouvre une masse dont les plis et les replis suggèrent la forme d'un corps. D'ailleurs un bras pend à l'extérieur, main dans le vide. Une petite main crasseuse. L'autre bras est replié en oreiller, sur lequel repose une touffe noire de cheveux. Au sol, un sac à dos décoré d'un Mickey.
Un enfant dort sur le canapé, allongé de tout son long, dans un relâchement total." (p.13)


L'auteur:
On sait très peu de choses sur Inès Benaroya qui signe ici son premier roman.